L'affaire Jacques Baud : la liberté d'expression est-elle en train de mourir en Europe ?
Les sanctions, quasi saluées par les médias romands, témoignent du mépris croissant pour la liberté d'expression des élites continentales. Et me rappellent une autre affaire, vieille de presque 50 ans
“Un individu controversé, apprécié des médias complotistes”
Jacques Baud, ancien colonel de l’Armée suisse, analyste en stratégie et ancien membre du renseignement stratégique suisse, vient donc d’être sanctionné, par le Conseil de l’Union Européenne. Vous en aurez peut-être entendu parler à la RTS, dans l’émission Forum, où il était décrit comme “un individu controversé”, qui se voit sanctionner “après la propagandiste suisso-camerounaise Nathalie Yamb”.
“Apprécié des sites complotistes, (…) l’ancien fonctionnaire est aussi apparu dans un congrès antivaccins et conspirationniste à Winterthour”
Le ton y était donné très rapidement :
“L’UE le qualifie de “porte-parole de la propagande pro-russe” et l’accuse de diffuser des théories du complot, comme l’idée que Kiev aurait orchestré sa propre invasion pour rejoindre l’OTAN. Présent dans des médias complotistes ou pro-russes…”
Le tout présenté avec une photo du Kremlin à l’arrière-plan, du meilleur goût, comme vous le verrez dans cet extrait, dans lequel on précise que Jacques Baud a refusé de répondre aux questions de la rédaction :
On notera que Jacques Baud conteste avoir “refusé de répondre”. Il était simplement indisponible quand ils lui ont demandé de commenter, et ils ne l’ont jamais rappelé, ce qui est tout de même, comment le dire poliment, très différent de ce qui était affirmé ci-dessus.
Mais peut-être préférez-vous lire la presse ? Le quotidien 24 Heures, par exemple ?
Vous y aurez lu la même information, et surtout trouvé le même vocabulaire. Morceaux choisis :
“Apprécié des sites complotistes, (…) l’ancien fonctionnaire est aussi apparu dans un congrès antivaccins et conspirationniste à Winterthour”
Le ton est donné : si la décision de sanctionner Jacques Baud est présentée de façon plutôt objective et neutre, le vocabulaire choisi pour qualifier l’analyste, lui, ne l’est pas du tout.
On ne sent guère de sympathie pour Jacques Baud.
De la sympathie, il en aurait pourtant besoin. Ce qui l’attend risque d’être difficile.
“Impossible de payer mon loyer, mes assurances, mes impôts…”
Les sanctions européennes, qui incluent blocage de l’accès aux comptes bancaires et interdiction de voyage ou de survol au sein de l’UE, sont très loin d’être symboliques. Pour s’en faire une idée, le mieux est sans doute de lire ou d’écouter le témoignage de Nathalie Yamb, la “propagandiste suisso-camerounaise” (on appréciera une fois de plus le vocabulaire choisi) dont il était question plus haut, sanctionnée, elle, depuis juin 2025 :
Il est techniquement interdit à quiconque de l’aider financièrement, même pour un café ou un cadeau, sous peine de risquer la prison pour « contournement des sanctions », une infraction pénale. L’État allemand ne lui accorde l’accès qu’à environ 56 euros par mois
“L'une après l'autre, mes cartes de crédit sur des comptes en Suisse, en Afrique et dans des banques en ligne ont été bloquées. Mes comptes eux-mêmes ? Bloqués. Mes cryptos, inaccessibles.
Mes comptes PayPal et GoFundMe, fermés. Tout comme mes comptes Amazon, Airbnb, Booking, eBay. (…)
Impossible de payer mon loyer, mes assurances. mes impôts, mes avocats, mes médicaments. Impossible d'acheter un billet d'avion, d'écouter de la musique, de regarder Netflix, de prendre un Uber, de passer une commande en ligne, de régler une note d'hôtel.
Mais il y a mieux : impossible de retourner en Suisse pour gérer les urgences puisque les sanctions comprennent une interdiction de survol du territoire de l'Union européenne alors que la Suisse y est complètement enclavée, entourée par la France, l'Autriche, l'Allemagne et l'Italie. une dinguerie.”
C’est cette “dinguerie” qui est promise à Jacques Baud : être prisonnier d’un seul pays, celui où il réside actuellement, la Belgique, sans possibilité de revenir en Suisse (qui “étudie” la possibilité de reprendre les sanctions), et connaître une détresse économique à peu près inévitable.
Hüseyin Doğru, citoyen allemand résidant à Berlin, sanctionné, lui, en mai de cette année, décrit une situation où lui et sa famille (dont les avoirs ont aussi été gelés) sont complètement privés de revenus. Il explique qu’il est techniquement interdit à quiconque de l’aider financièrement, même pour un café ou un cadeau, sous peine de risquer la prison pour « contournement des sanctions », une infraction pénale. L’État allemand ne lui accorde l’accès qu’à environ 56 euros par mois de ses propres fonds, une somme évidemment incompatible avec une vie normale pour un père de famille à Berlin.
Pire, chaque paiement (comme des frais médicaux ou un loyer) nécessite une permission spéciale des banques centrales ou des ministères, qui peuvent arbitrairement refuser des demandes légales, comme le paiement pour le remplacement d’une carte d’identité.
C’est d’une violence inouïe.
Existe-t-il des voies de recours ?
Pas vraiment. Puisqu’il n’existe aucune loi interdisant d’être “propagandiste”, aucune infraction n’a été commise, aucun procès n’a eu lieu, aucun jugement n’a été rendu. Il s’agit d’une décision politique et administrative, basée sur une conception de la “guerre hybride” qui permet d’assimiler la parole à une arme.
Saisir la Cour de Justice de l’UE n’entraînera aucun effet suspensif. Pire encore, les sanctions, même si elles étaient levées, pourraient être rétablies immédiatement après (c’est déjà arrivé). Ces sanctions sont conçues pour conduire à la mort sociale et économique de la personne qu’elles visent, et pour un citoyen suisse résidant en Belgique, leur efficacité risque d’être redoutable.
“Un porte-parole de la propagande pro-russe” ?
Qu’a fait Jacques Baud pour mériter restriction de ses mouvements et pauvreté ?
Consultons sa fiche sur le site officiel :
Il sert de porte-parole à la propagande pro-russe et élabore des théories du complot, accusant par exemple l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion afin de rejoindre l’OTAN.
Très bien, prenons ces accusations l’une après l’autre.
Est-il un “porte-parole de la propagande russe” ?
On voit mal comment cette accusation pourrait être défendue face à un juge ou un jury. Heureusement pour le Conseil de l’UE, il n’aura pas à se justifier devant quelque instance juridique que ce soit.
Dans plusieurs interviews récentes (1, 2), Jacques Baud s’en défend. Il affirme n’avoir aucune connexion avec la Russie, aucun bien en Russie, n’avoir jamais reçu d’argent de la Russie. Il évite soigneusement d’apparaître dans des médias russes, refusant toutes les invitations, pourtant nombreuses. Finalement, Il utilise exclusivement, dans ses analyses, des sources occidentales ou ukrainiennes. Si le Conseil de l’Union Européenne devait défendre cette accusation devant un tribunal, gageons que la tâche serait impossible, parce que c’est tout simplement faux.
A-t-il au moins “accusé l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion afin de rejoindre l’OTAN ?”
Il s’en défend aussi. Il se serait contenté, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, d’attirer l’attention sur une déclaration d’un conseiller de Zelenski, Oleksiy Arestovych, datant de 2019 et largement partagée sur les réseaux sociaux.
C’est Arestovytch lui-même qui avait, donc, déclaré :
“Avec une probabilité de 99,9%, le prix à payer pour rejoindre l’OTAN est une guerre totale avec la Russie.”
Jacques Baud n’accuse pas, il présente seulement un témoignage qui interroge, venant d’une source absolument crédible. Ici aussi, on voit mal comment cette accusation pourrait être défendue face à un juge ou un jury.
Heureusement pour le Conseil de l’UE, il n’aura pas à se justifier devant quelque instance juridique que ce soit.
Un coupable manque d’enthousiasme pour la stratégie européenne
S’il n’est pas “porte-parole de la propagande pro-russe”, que reproche-t-on vraiment à Jacques Baud ? Excellente question. L’explication la plus plausible, c’est que Jacques Baud est avant tout condamné pour son rejet, argumenté et, surtout, persuasif, de la stratégie occidentale, en particulier européenne, face à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, qu’il voit comme une aventure sans issue favorable possible pour la population ukrainienne.
“sur l’Ukraine, avoir eu raison quand tant d’autres se sont plantés, c’est être dans le camp de Poutine. “
Depuis 2022, l’ancien officier n’a cessé d’argumenter, au travers d’interviews, d’articles et de livres, que l’impasse sanglante actuelle est le fruit d’un aveuglement stratégique occidental. Il soutient que le conflit était évitable si les accords de Minsk n’avaient pas été instrumentalisés pour préparer la confrontation, et accuse Washington et ses alliés d’avoir sciemment bloqué les opportunités de paix au printemps 2022 dans le seul but d’affaiblir le Kremlin. Il dénonce aussi une arrogance occidentale qui, en sous-estimant la résilience économique et militaire russe et en gommant la réalité complexe du Donbass, a fini par sacrifier l’Ukraine dans une guerre par procuration inefficace.
Comme le soulignait, dans un article antérieur aux sanctions, le Journal du Dimanche, Jacques Baud a, souvent, eu raison contre et surtout avant tout le monde, se montrant beaucoup plus réaliste que des médias occidentaux qui présentaient constamment l’armée russe comme étant au bord de l’effondrement.
Le JDD concluait :
En d’autres termes, sur l’Ukraine, avoir eu raison quand tant d’autres se sont plantés, c’est être dans le camp de Poutine.
C’est plutôt bien résumé.
Jacques Baud est donc puni pour avoir rejeté une guerre dont la poursuite à tout prix est voulue par des dirigeants européens qui ne semblent guère se préoccuper des morts ukrainiens. “J’ai de la peine avec les gens qui font la guerre avec le sang des autres”, a-t-il notamment déclaré.
Il est absurde d’affirmer qu’un homme sans aucun lien financier avec la Russie soit un porte-parole de la propagande russe. Et comme nous l’avons vu, il n’a pas non plus “accusé l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion”. Tout est faux. Jacques Baud est en réalité sanctionné pour avoir exercé sa liberté d’expression, pour avoir dénoncé sans relâche l’absurdité de la stratégie occidentale en Ukraine, et pour l’avoir fait d’une façon sourcée, argumentée, et, malheureusement pour lui, persuasive.
Dans l’indifférence complète des médias traditionnels, la RTS se permettant même d’être mollement hostile à cet “individu controversé” “présent dans les médias complotistes”, les autorités européennes viennent en somme, tout simplement, de punir un citoyen suisse pour ses opinions.
Il n’a pas été averti à l’avance des sanctions, n’a pas pu défendre son point de vue. Il n’a pas non plus de réelle possibilité de recours. L’Etat veut, et va, peut-être, détruire la vie d’un homme, limitant ses déplacements, bloquant ses sources de revenus, simplement parce qu’il dénonce une stratégie guerrière qu’il juge insensée.
Cela ne vous rappelle rien ?
Moi, si.
Un très vieux souvenir venu d’une autre époque.
Andrei Sakharov, des différences importantes, et… des similitudes inquiétantes
Nous sommes en 1980, début janvier. En pleine guerre froide. Un autre homme, Andrei Sakharov, est sur le point, lui aussi, de commettre le crime de s’opposer au récit officiel concernant une autre guerre, l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.
Ce jour-là, bravant la doctrine officielle du Kremlin, le physicien dissident et prix Nobel soviétique appelle publiquement l'ONU et le gouvernement soviétique à organiser le retrait des troupes d'Afghanistan. Il avertit que cette rupture de l'équilibre des forces en Asie centrale risque de provoquer une escalade incontrôlable menant à une troisième guerre mondiale nucléaire.
Il faut toutefois souligner évidemment un point fondamental : si la logique de la sanction est comparable (neutraliser une voix dissidente par des moyens administratifs), l’intensité de la coercition est incomparablement plus brutale dans le cas soviétique (comme on s’y attend).
Sakharov, comme Jacques Baud, dispose d’une expertise reconnue. Il est le père de la bombe H, et à ce titre comprend mieux que quiconque les risques d’une escalade militaire. Comme Baud également, il conteste la vision proposée par son gouvernement de la guerre (une aide fraternelle à un régime allié). Selon lui, c’est évidemment une guerre d’agression. Enfin, comme Baud toujours, il ne cherche pas la polémique, mais conteste posément le calcul cynique de ses dirigeants, qui misent sur un gain géopolitique permanent au prix de dommages diplomatiques jugés temporaires. Il propose une désescalade pour restaurer la stabilité stratégique régionale.
Les réactions ne se font pas attendre, et, comme prévu, elles sont très différentes selon de quel côté du rideau de fer on se place. Pour les médias publics soviétiques, Sakharov est un traître. Pour une majorité des médias occidentaux, il devient “la conscience morale de l’URSS”.
Le récit alternatif de la guerre qu’il propose est naturellement rejeté par les autorités soviétiques, tout comme l’est, aujourd’hui, celui de Baud par les autorités européennes. Et il se voit, comme Baud, sanctionné. Il faut toutefois souligner immédiatement un point fondamental : si la logique de la sanction est comparable (neutraliser une voix dissidente par des moyens administratifs), l'intensité de la coercition est incomparablement plus brutale dans le cas soviétique (comme on s’y attend de la part d’un régime totalitaire avéré), même si la comparaison de la sévérité des mesures, révèle, comme on le verra, quelques surprises.
Assigné à résidence à Gorki, Sakharov n’est pas seulement limité dans ses mouvements, comme Baud, mais prisonnier de son propre domicile. Son accès à l’information se voit strictement limité. Et il sera à plusieurs reprises, notamment lors de ses grèves de la faim, maltraité physiquement. Son intégrité physique n’était pas respectée par les autorités soviétiques, ce qui n’est pas le cas de Jacques Baud et de ses compagnons suspendus.
Sur le plan financier, en revanche, on pourrait argumenter qu’Andrei Sakharov a été mieux traité que Jacques Baud. Certes, on lui retire par décret ses titres de «Héros du travail socialiste», lui donnant accès à des primes mensuelles substantielles, une retraite dorée, l’accès aux magasins Beryozka (produits occidentaux), une datcha et une voiture avec chauffeur. Il perd aussi l’accès à ses économies en devises étrangères (les droits d’auteur de ses livres à l’Ouest et son prix Nobel), bloquées par la Vneshtorgbank, la banque du commerce extérieur. En revanche, resté membre de l’Académie des sciences, il continuera à toucher son salaire d’académicien (400 roubles) et ne sera jamais exclu du système monétaire. Il pouvait payer en liquide n’importe où et accéder à son salaire librement.
Il faudra attendre plus de 6 ans pour qu’Andrei Sakharov soit finalement réhabilité par Mikhaïl Gorbatchev.
Autre époque, même intolérance à la critique
Je suppose qu’il ne se trouve pas beaucoup de journalistes à la RTS parmi mes lecteurs. S’il y en avait, il est probable qu’ils glousseraient et poufferaient en découvrant ma comparaison entre Jacques Baud et Andrei Sakharov.
Qu’on en arrive à trouver, sans trop d’effort de notre imagination, des similitudes entre l’URSS de 1980 et l’Union Européenne de 2025 devrait, dans un monde normal, suffire à nous alarmer.
Quoi, comparer une “conscience morale” à un “individu controversé” ? Comparer un homme brutalisé et assigné à résidence à un homme dont l’intégrité physique n’a jamais été menacée, et qui peut se déplacer librement en Belgique, où il réside?
Je n’affirme pas que les deux situations soient semblables. Elles ne le sont pas. Je me borne à signaler que le motif des sanctions, lui, est exactement le même : ces deux hommes sont punis pour avoir eu le culot d’exercer leur liberté d’expression en contestant la stratégie militaire de leurs autorités politiques respectives.
Qu’on en arrive à trouver, sans trop d’effort, des similitudes entre l’URSS de 1980 et l’Union Européenne de 2025 devrait, dans un monde normal, suffire à nous alarmer. D’autant que ce régime de sanctions administratives n’est, et de loin, pas la seule menace qui pèse sur la liberté d’expression en Europe.
La liberté d’expression est en danger en Europe
Il y a aussi le Digital Services Act, ou DSA, qui impose aux plateformes des obligations de suppression de contenus jugés “nocifs” (désinformation, discours de haine), avec des amendes massives (jusqu’à 6% du chiffre d’affaires mondial). Les contenus à censurer sont signalés par des ONG, désignées de façon très orwellienne comme “signaleurs de confiance” et choisies (évidemment) par les autorités.
Lucy Connolly, une femme d’une quarantaine d’années, a ainsi été condamnée à 31 mois de prison pour un tweet
Il y a enfin le projet Chat Control, qui menaçait de rendre obligatoire le scan systématique de tous les messages, y compris sur des messageries encryptées, mettant un terme définitif à la protection de la sphère privée en ligne en Europe. Fortement contesté, le texte est en voie de révision, mais il n’a pas été retiré.
On observe plus généralement, sur tout le continent, une désacralisation de la liberté d’expression, qui se manifeste aussi bien dans les discours que dans les actes. La France arrête Pavel Durov, le fondateur de la messagerie cryptée Telegram. En Allemagne, le rédacteur en chef du média conservateur Deutschland-Kurier est condamné à sept mois de prison avec sursis pour un tweet satirique visant la ministre de l’Intérieur qu’il accusait de… détester la liberté d’expression !
C’est probablement au Royaume-Uni que la répression est la plus massive. Des dizaines de milliers de personnes y sont arrêtées pour des tweets chaque année. Lucy Connolly, une femme d’une quarantaine d’années, a ainsi été condamnée à 31 mois de prison pour un tweet impulsif, raciste et violent, pourtant vite regretté et effacé. Isabel Vaughan-Spruce, militante pro-life, a été arrêtée et inculpée pour avoir simplement prié silencieusement, à distance d’un centre qui pratique des IVG, sans tenir aucune pancarte ni avoir adressé la parole à qui que ce soit. Quant à Graham Linehan, célèbre scénariste irlandais il a été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Heathrow à Londres par cinq policiers armés et placé en détention pendant plus de 12 heures , interrogé et menotté, pour… trois tweets critiquant l’idéologie transgenre.
Une résistance inattendue venue des Etats-Unis
On attendra en vain une prise de conscience des élites européennes, qui, depuis des années, sont tout autant acquises que les journalistes de la RTS à l’idée que la liberté d’expression doit être strictement contrôlée pour éviter désinformation (notamment antivax), propagande (notamment russe), et discours de haine (dont la définition ne cesse de s’élargir pour inclure un nombre croissant de groupes protégés).
Ironie suprême, cette toute petite sanction a transformé les plus fervents disciples européens de la censure et du contrôle en ardents défenseurs des libertés
Le salut viendra-t-il, alors, des Etats-Unis ? L’administration Trump se montre de plus en plus critique à l’encontre des velléités européennes de censure des plateformes numériques , et vient tout juste de sanctionner plusieurs de ses principaux architectes, dont le français Thierry Breton, qui, loin de voir, lui, sa vie détruite par des sanctions, se fait simplement interdire d’entrer sur le sol américain.
Ironie suprême, cette toute petite sanction, qui aura été, elle, rapportée avec la plus digne des sobriétés par la RTS, a soudain transformé les plus fervents disciples européens de la censure et du contrôle en ardents défenseurs des libertés ! Thierry Breton dénonce ainsi un “vent de McCarthysme”, tandis qu’Ursula Von der Leyen fait la leçon aux Etats-Unis, leur rappelant fermement que “la liberté d’expression est le fondement de notre forte et vive démocratie européenne” (il fallait oser).
J’ai d’abord beaucoup ri.
(On me jure que c’est encore permis. Pour l’instant.)
Mais ensuite, j’ai pensé à Jacques Baud et à toutes les personnes suspendues, privées de leur liberté de mouvement et de leurs moyens de subsistance parce que la détestation par l’Etat de la liberté de dire et de penser est exactement la même en 2025 qu’en 1980.
Pensée pour eux. Je vous laisse avec une petite biographie de Sakharov, qui, surtout si vous êtes moins vieux que moi, vous apprendra sûrement quelque chose :
Prenez soin de vous, n’oubliez pas de partager, de vous abonner et de laisser un commentaire ci-dessous, et merci de m’avoir lu !





